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Diversité et non discrimination

Histoire de l'immigration au Luxembourg

 

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Cet article de 2008, intitulé " à propos du Luxembourg multiculturel ", est une publication du service presse du gouvernement du Grand duché de Luxembourg auquel vous pouvez accéder par le lien suivant : http://www.gouvernement.lu/ 

 

Articles en rapport : L'immigration Luxembourgeoise aux Etats-Unis 

 

  • Un processus historique de longue haleine 

     En raison de l’alternance des appartenances politiques et territoriales, le Grand-duché de Luxembourg a une grande expérience en matière d’immigration étrangère. Pion et pomme de discorde entre puissances ennemies, ce territoire a souvent été victime de rudes conflits au cours de son histoire, alors que les influences extérieures ont contribué à plusieurs reprises à définir l’identité de ses habitants. À tel point que de nos jours, certains historiens vont jusqu’à douter du fait qu’une ethnie luxembourgeoise « pure souche », avec une langue homogène et un déroulement historique linéaire, ait jamais existé. Depuis le début de son histoire, le Luxembourg a été une entité fondamentalement marquée par des forces étrangères et il a fallu attendre longtemps pour que des revendications d’autonomie puissent se développer. 

 

     Du Ve au Ier siècle av. J.-C., ce furent d’abord les Celtes, puis les Romains qui peuplèrent le territoire de l’actuel Grand-Duché. À partir de 476, les Francs leur succédèrent. Vers 963, lorsque le comte Sigefroi fit construire sur un rocher un château fort (« Lützelburg ») qui allait donner naissance à la ville et plus tard au pays de Luxembourg, toute la région entre la Moselle et la Meuse faisait partie du Saint Empire Romain-Germanique. Au milieu du XIVe siècle, le Luxembourg fut élevé au rang de duché. Par la suite, celui-ci fut intégré dans la confédération des États bourguignons. Plus tard, il fit partie des Pays-Bas espagnols, avant de passer aux Habsbourg d’Autriche en 1715. Après la conquête de la forteresse par les troupes révolutionnaires françaises en 1795, le Luxembourg fut annexé à la France en tant que département des Forêts.

 

Un sentiment national naissant

     En 1815, au congrès de Vienne, le Luxembourg fut déclaré nominalement grand-duché indépendant, lié en union personnelle au Royaume-Uni des Pays-Bas. Contrairement aux autres territoires de ce royaume nouvellement créé, le Luxembourg fut intégré à la Confédération germanique, et la capitale, en tant que forteresse fédérale, dotée d’une garnison prussienne. En 1842, le Luxembourg rejoignit également l’Union douanière allemande (Zollverein).

 

Lorsque, entre 1830 et 1839, la Belgique se sépara du Royaume des Pays-Bas, le Luxembourg perdit plus de la moitié de son territoire au profit du nouvel État belge, mais il acquit en contrepartie plus d’autonomie. Jusque-là, le Luxembourg avait été gouverné plus ou moins comme une province néerlandaise. En 1841, le pays fut doté d’une constitution corporative, remplacée en 1848 par une constitution parlementaire, révisée par la suite à plusieurs reprises. La neutralité du Luxembourg ainsi que le démantèlement de la forteresse furent décidés en 1867. La séparation complète des Pays-Bas advint en 1890, après la mort du roi grand-duc Guillaume III. 

     Avec l’accession au trône d’Adolphe de Nassau-Weilbourg, le pays obtint sa propre dynastie. C’est dans ces conditions que le sentiment national luxembourgeois, à peine existant jusque-là, commença à se développer. Ce fut surtout sous l’occupation allemande pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale que le pays manifesta son attachement à l’autonomie. En raison de cette conscience identitaire accrue, le Luxembourg devint, à partir de 1945, peu à peu un noyau de l’européanisation d’un continent européen. Grâce à sa capacité de continuer à affirmer son identité, tout en s’ouvrant aux influences extérieures et en évoluant sans cesse, le Luxembourg a depuis longtemps trouvé sa place dans le monde moderne. 

     L’auteur et commentateur de l’actualité politique de nationalité luxembourgeoise, Guy Kirsch, qui enseigne la nouvelle économie politique à l’université de Fribourg (Suisse) depuis 1972, a récemment fait le constat suivant dans une interview : « Les Luxembourgeois vivent depuis des siècles dans un monde globalisé, sauf qu’autrefois, celui-ci était moins déterminé par l’économie que par le militaire et la géopolitique.» D’après Guy Kirsch, sans les étrangers, les Luxembourgeois n’auraient jamais trouvé leur identité, dont ils sont si fiers aujourd’hui : « C’est en partie par l’affrontement ouvert, en partie par une opposition voilée à l’égard des étrangers, en partie par une coopération astucieuse avec eux ainsi que par une imitation et une assimilation habiles des étrangers, de ce qui est étranger, des autres, de l’autre que les Luxembourgeois sont devenus au cours d’un processus dynamique ceux qu’ils sont aujourd’hui

 

Les Luxembourgeois en tant que migrants 

     Les migrations sont jusqu’à ce jour une composante essentielle de l’histoire démographique du Luxembourg. Cependant, avant de devenir une destination pour de nombreux immigrés au XXe siècle ainsi que pour des réfugiés et des demandeurs d’asile dans un passé récent, le pays a longtemps été une terre marquée par l’agriculture et sans grande prospérité, que ses habitants ont quitté de façon temporaire ou définitive.   

     Déjà au XVIIe siècle, de nombreux compagnons luxembourgeois entreprirent ce qu’on appelait le « Tour de France », qui les menait à travers différentes villes françaises, où ils pouvaient perfectionner leurs connaissances auprès de maîtres de leur art. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il y eut de véritables vagues d’émigration. Grâce à l’amélioration de la situation alimentaire, des soins médicaux et des conditions hygiéniques, la plupart des pays européens virent leur population doubler. Au Luxembourg aussi, le nombre d’habitants passa de 134 000 en 1821 à 213 000 en 1891. 

     Avec la prospérité grandissante dans les villes, cet accroissement rapide de la population entraîna toutefois au même moment des difficultés d’approvisionnement dans les campagnes. Ainsi, déjà au XVIIIe siècle, de nombreux fermiers luxembourgeois émigrèrent vers la région du Banat, située sur le territoire de l’actuelle Roumanie. Rien qu’entre 1841 et 1891, principalement entre 1868 et 1870, environ 72 000 Luxembourgeois émigrèrent aux États-Unis et en France. La plupart des personnes ayant émigré en Amérique quittèrent leur patrie de manière définitive. Étant donné qu’à l’époque, la population du Luxembourg oscillait entre 175 000 et 213 000 habitants, on estime qu’un Luxembourgeois sur cinq est parti aux États-Unis pour des raisons principalement économiques.   

     Le Grand-Duché était alors un pays agricole sous-développé, où les journaliers, les artisans ruraux et les petits propriétaires terriens avaient du mal à survivre. Les infrastructures de transport étaient quasi inexistantes. Les premières banques, moteurs de l’économie, furent fondées en 1856, alors que l’industrie sidérurgique ne prit son essor que vers 1890. Ainsi, l’Amérique prit des allures de terre promise, surtout pour les jeunes générations de travailleurs qui n’étaient plus disposées à endurer le dur labeur qu’avaient connu leurs ancêtres. 

À partir de 1870, au début de l’industrialisation et de l’essor de l’industrie lourde luxembourgeoise, ces mouvements d’émigration eurent comme conséquence que le manque d’une main-d’oeuvre jeune se fit sentir de plus en plus. Il fallut alors faire appel à une main d’œuvre étrangère et c’est ainsi que le Grand-Duché, de pays d’émigration, se transforma peu à peu en terre d’immigration.

 

Les premiers immigrants 

     Un coup d’oeil dans les livres d’histoire révèle que l’immigration n’est pas un phénomène qui se limite à l’histoire récente du Luxembourg, bien au contraire. Déjà aux XVIe et XVIIe siècles, des ouvriers, des marchands et des militaires venus d’Italie arrivèrent au Luxembourg. Au XVIIIe siècle suivirent des maçons et des architectes tyroliens. Sous Louis XIV, les autorités allèrent jusqu’à proposer des encouragements financiers pour inciter à émigrer au Luxembourg et participer à la reconstruction de la ville forteresse, détruite en 1684.

 

     Il y eut de véritables vagues d’immigration à la fin du XIXe siècle, quand, d’un côté, le Luxembourg était encore un pays agricole pauvre et, de l’autre, nécessitait une nouvelle main-d’oeuvre abondante pour le secteur de la sidérurgie en pleine expansion. On vit arriver de jeunes ouvriers célibataires, d’abord en provenance d’Allemagne, de France et de Belgique, puis, peu après, de Pologne et d’Italie. Leur nombre augmenta si rapidement qu’en 1910, les salariés des aciéries représentaient déjà 15,3 % de la population totale de l’époque, qui comptait alors 260 000 habitants. Trois ans plus tard, environ 60 % des salariés du secteur sidérurgique venaient de l’étranger. 

     En l’espace de 25 ans, la population totale augmenta de 40 000 habitants, principalement suite à l’afflux d’étrangers. Alors que peu de temps avant la Première Guerre mondiale, de nombreux ouvriers allemands et italiens étaient rentrés dans leur pays, l’immigration reprit pendant la période de l’entre-deux-guerres. En 1930, les étrangers représentaient plus de 18 % de la population totale. Toutefois, à la suite de la crise économique mondiale de la fin des années 1920 et à la veille de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux travailleurs immigrés perdirent leur emploi et quittèrent le pays. L’occupation du Luxembourg par l’Allemagne nazie et l’expulsion des étrangers jugés indésirables qui s’ensuivit eurent comme conséquence que le taux d’étrangers ne représentait plus que 10 % de la population en 1947.

 

L’influence des Italiens 

     Les premiers à revenir après la guerre pour participer à la reconstruction du pays furent à nouveau les Italiens. Toutefois, cet afflux s’atténua à la fin des années 1950, étant donné que les Italiens trouvaient de plus en plus souvent du travail dans leur pays d’origine ou émigraient en Allemagne, où les salaires étaient plus élevés. Les immigrés italiens sont néanmoins ceux qui ont laissé l’empreinte la plus durable jusqu’à ce jour dans la société luxembourgeoise. Entre 1890 et 1910, leur nombre passa de 439 à plus de 10 000 et ils s’établirent principalement dans le sud industriel du pays.  

     Avant la Première Guerre mondiale, les Italiens représentaient le quart de la population de Dudelange et 14 % de celle d’Esch-sur-Alzette, deux villes situées dans le sud du Grand-duché, marquées par la sidérurgie et qui encore de nos jours affichent un taux élevé d’étrangers. Les Italiens de la deuxième génération apprirent le luxembourgeois et avec la troisième génération débuta leur intégration complète dans la société luxembourgeoise, de sorte que des noms comme Barboni, Ruscitti, Scuto, Di Bartolomeo, Pascucci, Di Genova, Ruffini, etc., en font aujourd’hui partie intégrante. Entre-temps, environ 10 % de tous les noms de famille luxembourgeois sont  indubitablement d’origine italienne.

 

Des familles venues du Portugal 

     Afin de contrecarrer la vague accrue de retours au pays des Italiens, le gouvernement luxembourgeois décida de signer un accord sur le regroupement familial en 1957. Par la suite, ce furent surtout les Portugais qui en bénéficièrent. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils immigrèrent dès le départ avec femme et enfants pour travailler principalement dans le bâtiment, l’industrie, la gastronomie et l’artisanat. C’est avec eux que débuta la deuxième grande vague d’immigration du XXe siècle. Ce mouvement migratoire durable commença vers 1964 et perdura jusqu’en 1976, avec une intensification entre 1969 et 1974.

 

Mais même par la suite, le nombre d’immigrés portugais augmenta de manière continue : ils passèrent de 5 745 en 1970 à 29 300 en 1981. Suite à deux accords de main-d’oeuvre signés en 1972 entre le Luxembourg et le Portugal ainsi qu’entre le Luxembourg et la Yougoslavie, des travailleurs en majorité portugais prirent le chemin du Luxembourg, avec leur famille et pour une durée indéterminée. L’adhésion du Portugal à l’Union européenne en 1986 donna lieu à un accroissement supplémentaire d’environ 2 000 nouveaux arrivants par an, accroissement qui dure encore aujourd’hui.

     Depuis 1986, le nombre de Portugais résidant au Luxembourg a plus que doublé. Actuellement, ils représentent environ 37 % des étrangers vivant au Grand-Duché. Les Portugais forment entre-temps la plus importante communauté étrangère au Luxembourg, avec un peu moins de 16 % de la population totale (76 600  habitants sur 483 800 en 2008). Les Portugais disposent depuis longtemps de leurs propres magasins, supermarchés, cafés, restaurants, clubs sportifs et groupes folkloriques, ainsi que de journaux et d’une radio lusophone. 

    Contrairement aux travailleurs immigrés italiens, qui s’installèrent presque exclusivement dans les villes industrielles du sud au point de créer leurs propres quartiers, les Portugais s’établissent partout dans le pays. Eux aussi semblent toutefois privilégier certaines régions. Ainsi, la part la plus importante de Portugais par rapport à la population totale se trouve à Larochette, où 60 % des habitants ont un passeport portugais. De nombreux citoyens portugais se sont également installés à Ettelbruck et dans les environs. A Echternach ainsi que dans le sud du pays ; ils sont par contre très peu nombreux à habiter les régions de l’ouest du Grand-Duché.

 

Augmentation constante du nombre d’immigrés 

     Il avait donc fallu attendre 1970 pour voir à nouveau le chiffre des immigrations atteindre le niveau élevé de 1930. À partir de cette date, les chiffres ont augmenté de manière constante. Les étrangers représentaient environ 25 % de la population en 1980, à peu près 30 % en 1990 et presque 35 % en 1998. Aujourd’hui, ce taux se situe au-delà de 40 %. Étant donné qu’entre 1954 et 1996, sur les 398 000 personnes immigrées, 293 000 d’entre elles sont reparties, on compte finalement 105 000 nouveaux citoyens en l’espace d’une quarantaine d’années. La plupart d’entre eux, on l’a vu, sont d’origine portugaise : bien plus de 80 000 depuis 1954. Déjà dans les années 1960, les premiers émigrants du Cap-Vert (encore une colonie portugaise à l’époque) arrivèrent au Luxembourg.  

     Après l’indépendance de leur pays en 1975, de nombreux Capverdiens optèrent pour la citoyenneté portugaise, ceci afin de pouvoir également bénéficier de l’accord de main d’œuvre signé entre le Luxembourg et le Portugal, et saisir ainsi l’occasion de trouver du travail et mener une vie meilleure dans leur nouvelle patrie. À l’heure actuelle, on compte plus de 2500 Capverdiens au Luxembourg et il est frappant de constater que de nombreux ex-citoyens de l’archipel situé au large de la côte ouest africaine ont décidé très tôt de se faire naturaliser et d’échanger leur passeport capverdien, voire portugais, contre un passeport luxembourgeois.

 

Banquiers, eurocrates et académiciens 

     Avec l’importance croissante de la place financière du Luxembourg à partir des années 1960, de nombreux experts financiers de toute l’Europe, principalement des Français, des Belges et des Allemands, s’installèrent également au Grand-Duché. Environ à la même époque, un grand nombre de fonctionnaires européens vint habiter au Grand-duché ( Luxembourg Ville forme avec Bruxelles et Strasbourg le « triumvirat » des capitales européennes) pour travailler au plateau de Kirchberg, dans les bureaux des différentes institutions européennes comme par exemple le secrétariat général des comptes européenne, Eurostat ou encore la Banque européenne d’investissement. À l’heure actuelle, le Luxembourg compte quelque 9 500 eurocrates, qui, à l’opposé des ouvriers portugais et autres immigrés, s’installent rarement de façon définitive dans leur pays d’accueil. Ils ont dans la plupart des cas peu d’intérêt à apprendre sa langue et à s’intégrer dans la société luxembourgeoise. 

     Ainsi s’est développée au fil des décennies une structure sociale extrêmement hétérogène au Luxembourg, avec d’importantes disparités sociales et un mélange de langues parfois tout simplement babylonien. D’autre part, on ne peut pas ignorer que les migrations ont créé au Grand-duché un paysage humain exceptionnellement varié et aux multiples facettes sans que cela n’ait jamais donné lieu à une hostilité déclarée. Les milieux académiques du Grand-duché doivent eux aussi s’attendre à une augmentation rapide d’étrangers dans les années à venir. En effet, depuis que le Luxembourg a commencé il y a peu à se faire un nom au-delà des frontières nationales en tant que site accueillant une université et divers centres de recherche, il faut s’attendre à ce que de plus en plus d’étudiants, d’enseignants et de scientifiques s’installent au Luxembourg.

 

Des chiffres record en Europe

     En 2011 le Luxembourg compte 221 364 résidents étrangers pour une population totale de prés de 512 000 habitants (source : Statec 2011). Les prévisions statistiques partent du principe qu’entre 2020 et 2030, le taux d’étrangers dépassera celui de la population autochtone. Le pays compte 172 nationalités et la plupart des résidents (avec un passeport non luxembourgeois) sont des étrangers communautaires, avec en première ligne les Portugais (85000), les Français (31700), les Italiens (18000), les Belges (17500) et les Allemands (13000). Par ailleurs vivent au Luxembourg entre autres 2200 Danois,  2600 Polonais,1 650 Chinois,1300 Irlandais,300 Canadiens et 250 Indiens. 

     Plus de 31 000 personnes (résidant au Luxembourg) sont des étrangers originaires de pays extracommunautaires. Ils représente 14% de la population et ce chiffre est en augmentation progressive. Dans ce contexte, il est également intéressant de mentionner le fait que selon les statistiques les plus récentes, 27 % de tous les mariages au Luxembourg sont contractés entre Luxembourgeois et étrangers, alors que 26 % des mariages le sont entre partenaires étrangers.

 

Les frontaliers de la Grande Région  

Le Luxembourg a non seulement le taux d’étrangers le plus élevé de l’Union européenne, mais aussi le plus grand nombre de travailleurs frontaliers. Au cours des vingt-cinq dernières années, le nombre de personnes franchissant quotidiennement la frontière pour venir travailler au Grand-duché de Luxembourg a plus que décuplé. Il est passé de 13800 en 1980 à 142 000 de nos jours. La moitié des frontaliers vient de France, un quart de Belgique et un autre quart d’Allemagne, donc tous de ce nouvel espace économique créé en 1991 et appelé « Grande Région ». Cette dernière inclut, outre le Luxembourg, les länder de Sarre et de Rhénanie-Palatinat, la Wallonie belge et la Lorraine française.

 

     Selon les prévisions de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi, le nombre de frontaliers atteindra les 300 000 personnes d’ici à 2050. Déjà aujourd’hui, cet accroissement massif est parfois considéré comme une menace et ne suscite pas toujours la compréhension, surtout à une époque où le chômage est à la hausse. Les frontaliers ont en effet depuis longtemps dépassé les Luxembourgeois sur le marché de l’emploi national : quelque 70 % des emplois nouvellement créés au Grand-duché sont occupés par les frontaliers. C’est surtout le secteur tertiaire qui ne peut plus se passer de cette main-d’oeuvre.

 

Migration et prospérité 

     Il est cependant un fait que les étrangers, qui représentent plus de 50 % des salariés au Luxembourg, contribuent de façon substantielle à ce que l’économie luxembourgeoise, affichant l’une des croissances les plus fortes de l’Union européenne, continue à être florissante. Pratiquement personne ne conteste plus que l’économie nationale s’effondrerait en très peu de temps si elle était privée de sa main-d’oeuvre étrangère et qu’il existe une étroite relation entre les migrations et la prospérité économique du pays. Le rendement du travail des étrangers contribue à maintenir le produit intérieur brut luxembourgeois par habitant à un niveau pratiquement deux fois plus élevé que celui de la moyenne de l’Union européenne. 

     De plus, les étrangers participent au maintien du réseau social luxembourgeois, alimenté en grande partie par leurs cotisations et leurs impôts. Grâce à eux, il est possible de continuer à financer les retraites et les pensions. Sans oublier que le taux de natalité plus élevé des concitoyens étrangers est le seul facteur à contribuer actuellement à un développement démographique positif au Luxembourg. Mais qu’ont donc en commun le banquier bruxellois, la vendeuse de chaussures lorraine qui traverse deux fois par jour la frontière franco-luxembourgeoise, le jardinier portugais établi au Luxembourg depuis des années, son épouse qui travaille comme aide-ménagère, la traductrice finlandaise employée auprès des institutions européennes, le cardiologue iranien, le marchand de meubles danois, l’administrateur de sites web polonais, le mécanicien de garage croate et le restaurateur indien mis à part le fait que, du moins temporairement, ils ont fait du Luxembourg leur port d’attache ?

 

 

 

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