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Diversité et non discrimination

L'analyse transactionnelle et le conte chaud et doux des chaudoudoux

 

Préambule et explication

        L'auteur de ce conte, Claude Steiner (psychologue et écrivain né à Paris en 1935), était un des adeptes du psychiatre Américain Éric Berne fondateur de l'analyse transactionnelle.   

     L'analyse transactionnelle est une théorie de la personnalité et de la communication fondée dans les années 50. L’être humain passe beaucoup de temps en échanges et interactions avec les autres (communication verbale comme la parole et non verbale comme les postures ou les mimiques particulières).  Ainsi dans le cadre de l’échange on peut observer un ton de voix particulier (doux, grave, colérique), des postures du corps spécifiques (bras ou jambes croisés, agitation...) ou des micro-expressions du visage (rides, sourire, écarquillement des yeux...). A ce stade l’analyse transactionnelle à pour but d’aider à la compréhension et à l’amélioration de la communication. 

        Eric Berne a étudier les phénomènes liés aux échanges relationnels et a fait la corrélation entre le comportement d’une personne et l’émotion qu’elle transmet à un moment donné. Ainsi, il a définit 3 types de comportements distincts. Sa théorie de comportement postule 3 états du Moi structuraux, quelque soit l’âge, qui sont : les états de parent, d'adulte et d'enfant.  

1)     L’état de parent (P) se rapporte au modèle parental intégré (pensée, sentiments, comportement) avec 2 états possibles :   

       - le parent normatif qui a la fonction de protection et transmission de valeurs.

       - le parent nourricier qui a la fonction de permission et d'encouragement et de bienveillance.  

2)    L’état d’adulte (A) est en rapport à la réalité passé et de l’instant (pensée, sentiments et comportement liés à ce rapport), cet état n’est pas divisé et a pour fonction l’exploration de l’environnement  

3)    L’état d’enfant (E) a un rapport direct (pensée, sentiments, comportement) avec le vécu de la personne dans l’enfance. Cet état se divise en 3 parties :

       - l’enfant adapté soumis : fonction d’adaptation à l’environnement.

       - l’enfant adapté rebelle : fonction d’opposition légitime.

       - l’enfant libre : fonction d’expression des besoins et émotions de base. 

         Chacun de ces états est observable et correspondent à un comportement spécifique (ton et volume de la voix, mimiques, gestuelles, postures, réactions...). Il n’y a pas de bon ou mauvais  états du moi, ils ont tous une fonction à un moment précis et l’on peut passer d’un état à un autre en fonction des circonstances.  

       Exemple : si dans un groupe, un personne ayant un état du moi "enfant rebelle" est en communication avec une autre personne ayant un état du moi "parent normatif" l’échange restera figé et chacun restera sur sa position. L’intervention d’une tierce personne ayant un état du moi "Adulte ou Parent nourricier" ou encore un changement d’état personnel (de normatif à nourricier ou adulte) permettra de faire évoluer la situation.  

          Pour finir, l’analyse transactionnelle intervient dans la cohérence de nos décisions en passant d’un état à un autre très rapidement. Par exemple pour l’achat d’une voiture, l’état du moi "enfant" rêve d’une voiture de luxe, l’état du moi "adulte" intervient au niveau financier et l’état du moi "parent" dans la décision finale.          

        Dans la continuité, Éric Berne considère que l'individu recherche en permanence des signes de reconnaissance car ils sont vitaux pour lui. Ainsi une personne habituée dès le plus jeune âge a recevoir des signes de reconnaissances négatifs sera plus encline à en recevoir toute sa vie, voire à refuser les signes de reconnaissances positifs.

Éric Berne utilise le terme Anglais de "Stroke" qui se traduit par signe de reconnaissance. Pour lui l'individu ne peux pas vivre sans "Stroke" qu'ils soient positifs ou négatifs. C'est avec cette approche que l'on peut lire ce conte de Claude Steiner ou le terme "Stroke" est remplacé par chaudoudoux et froid-piquant.  Dans ce cas n'hésitez pas à distribuer vos propres chaudoudoux à votre entourage.  

Source de l'article et pour en savoir plus : http://analysetransactionnelle.fr  Les travaux d'Eric Berne  (voir sous l'onglet les grands concepts, cliquez sur les signes de reconnaissances et les états du moi 

               GENDD9     Le Conte chaud et doux des chaudoudoux. 

   

Il était une fois, dans des temps très anciens, des gens qui vivaient très heureux. Ils s'appelaient Timothée et Marguerite, et avaient deux enfants, Charlotte et Valentin. Ils étaient très heureux et avaient beaucoup d'amis. Pour comprendre à quel point ils étaient heureux, il faut savoir comment on vivait à cette époque-là.

Chaque enfant, à sa naissance, recevait un sac plein de chaudouxdoux. Je ne peux pas dire combien il y en avait car on ne pouvait pas les compter. Ils étaient inépuisables.

Lorsqu'une personne mettait la main dans son sac, elle trouvait toujours un chaudouxdoux. Les chaudouxdoux étaient très appréciés. Chaque fois que quelqu'un en recevait un, il se sentait chaud et doux de partout. Ceux qui n'en avaient pas régulièrement finissaient par attraper mal au dos, puis ils se ratatinaient, parfois même ils en mouraient.

En ce temps-là, c'était très facile de se procurer des chaudouxdoux. Lorsque quelqu'un en avait envie, il s'approchait de toi et te demandait: " Je voudrais un chaudouxdoux!" Tu plongeais alors la main dans ton sac pour en sortir un chaudouxdoux de la taille d'un poing.

Dès que le chaudouxdoux voyait le jour, il commençait à sourire et à s'épanouir en un grand et moelleux chaudouxdoux. Tu le posais alors sur l'épaule, la tête ou les genoux, et il se pelotonnait câlineusement contre la peau en donnant des sensations chaleureuses et très agréables dans tout le corps.

Les gens n'arrêtaient pas d'échanger des chaudouxdoux et, comme ils étaient gratuits, on pouvait en avoir autant que l'on voulait. Du coup, presque tout le monde vivait heureux et se sentait chaud et doux.

Je dis "presque", car quelqu'un n'était pas content de voir les gens s'échanger des chaudouxdoux. C'était la vilaine sorcière Belzépha. Elle était même très en colère. Les gens étaient tous si heureux que personne n'achetait plus ses filtres ni ses potions. Elle décida qu'il fallait que cela cesse et imagina un plan très méchant.

Un beau matin, Belzépha s'approcha de Timothée et lui parla à l'oreille tandis qu'il regardait Marguerite et Charlotte jouer gaiement. Elle lui chuchota: "Vois-tu tous les chaudouxdoux que Marguerite donne à charlotte ? Tu sais, si elle continue comme cela, il n'en restera plus pour toi!" Timothée s'étonna: "Tu veux dire qu'il n'y aura plus de chaudouxdoux dans notre sac chaque fois que l'on en voudra un ?" "Absolument, répondit Belzépha, quand il n'y en a plus, c'est fini!"

Et elle s'envola en ricanant sur son balai. Timothée prit cela très au sérieux, et désormais, lorsque Marguerite faisait don d'un chaudouxdoux à quelqu'un d'autre que lui, il avait peur qu'il ne lui en restera pas. Et si la sorcière avait raison ? Il aimait beaucoup les chaudouxdoux de Marguerite, et l'idée qu'il pourrait en manquer l'inquiétait profondément, et le mettait même en colère. Il se mit à la surveiller pour ne pas qu'elle gaspille les chaudouxdoux en en distribuant aux enfants ou à n'importe qui.

Puis il se plaignit chaque fois que Marguerite donnait un chaudouxdoux à quelqu'un d'autre que lui. Comme Marguerite l'aimait beaucoup, elle cessa d'offrir des chaudouxdoux aux autres et les garda pour lui tout seul.

Les enfants voyaient tout cela, et ils pensaient que ce n'était vraiment pas bien de refuser des chaudouxdoux à ceux qui vous en demandaient et en avaient envie. Mais eux aussi commencèrent à faire très attention à leurs chaudouxdoux. Ils surveillaient leurs parents attentivement, et quand ils trouvaient qu'ils donnaient trop de chaudouxdoux aux autres, il s'en plaignaient. Ils étaient inquiets à l'idée que leurs parents gaspillent les chaudouxdoux.

La vie avait bien changé! Le plan diabolique de la sorcière marchait! Ils avaient beau trouver des chaudouxdoux à chaque fois qu'ils plongeaient la main dans leur sac, ils le faisaient de moins en moins et devenaient chaque jour plus avares.

Bientôt tout le monde remarqua le manque de chaudouxdoux, et tout le monde se sentit moins chaud et moins doux. Les gens s'arrêtèrent de sourire, d'être gentils, certains commencèrent à se ratatiner, parfois même ils mouraient du manque de chaudouxdoux. Ils allaient de plus en plus souvent acheter des philtres et des potions à la sorcière. Ils savaient que cela ne servait à rien, mais ils n'avaient pas trouvé autre chose!

La situation devint de plus en plus grave. Pourtant, la vilaine Belzépha ne voulait pas que les gens meurent. Une fois morts, ils ne pouvaient plus rien lui acheter! Alors elle mis au point un nouveau plan.

Elle distribua à chacun un sac qui ressemblait beaucoup à un sac de chaudouxdoux, sauf qu'il était froid, alors que celui qui contenait les chaudouxdoux était chaud. Dans ces sacs, Belzépha avait mis des froids-piquants. Ces froids-piquants ne rendaient pas ceux qui les recevaient chauds et doux, mais plutôt froids et hargneux. Cependant, c'était mieux que rien. Ils empêchaient les gens de se ratatiner.

A partir de ce moment-là, lorsque quelqu'un disait: "Je voudrais un chaudouxdoux", ceux qui craignaient d'épuiser leur réserve répondaient: "Je ne peux pas vous donner un chaudouxdoux, mais voulez-vous un froid-piquant?"

Parfois, deux personnes se rencontraient en pensant qu'elles allaient s'offrir des chaudouxdoux mais l'une d'elles changeait soudain d'avis, et finalement elles se donnaient des froids-piquants.. Dorénavant, les gens ne mouraient presque plus, mais la plupart étaient malheureux, avaient froid et étaient hargneux.

La vie devint encore plus difficile! Les chaudouxdoux, qui au début étaient disponibles comme l'air qu'on respire, devinrent de plus en plus rares. Les gens auraient fait n'importe quoi pour en obtenir. 

Avant l'arrivée de la sorcière, ils se réunissaient souvent par petits groupes pour s'échanger des chaudouxdoux, se faire plaisir sans compter, sans se soucier de qui offrait ou recevait le plus de chaudouxdoux.

Depuis le plan de Belzépha, ils restaient par deux et gardaient les chaudouxdoux l'un pour l'autre. Quand ils se trompaient en offrant un chaudouxdoux à une autre personne, ils se sentaient coupables, sachant que leur partenaire souffrirait du manque. Ceux qui ne trouvaient personne pour leur faire don de chaudouxdoux étaient obligés de les acheter et devaient travailler de longues heures pour les gagner.

Les chaudouxdoux étaient devenus si rares que certains prenaient des froids-piquants qui, eux, étaient innombrables et gratuits. Ils les recouvraient de plumes un peu douces pour cacher les piquants et les faisaient passer pour des chaudouxdoux.

Mais ces faux chaudouxdoux compliquaient la situation. Par exemple, quand deux personnes se rencontraient et échangeaient des faux chaudouxdoux, elles s'attendaient à ressentir une douce chaleur; mais au lieu de cela, elles se sentaient très mal. Comme elles croyaient s'être donné de vrais chaudouxdoux, plus personne n'y comprenait
plus rien!

Évidemment, comment comprendre que ces sensations désagréables étaient provoquées par les froids-piquants déguisés en chaudouxdoux? La vie était bien triste!... Timothée se souvenait que tout avait commencé quand Belzépha leur avait fait croire qu'un jour ils trouveraient leurs sacs de chaudouxdoux vides.

Mais voilà ce qui se passa. Une jeune femme gaie et épanouie, aux formes généreuses, arriva alors dans ce triste pays. Elle semblait ne jamais avoir entendu parler de la méchante sorcière et distribuait des chaudouxdoux en abondance sans crainte d'en manquer.

Elle en offrait gratuitement, même sans qu'on lui en demande. Les gens l'appelèrent Julie Doudoux, mais certains la désapprouvèrent parce qu'elle apprenait aux enfants à donner des chaudouxdoux sans avoir peur d'en manquer. Les enfants l'aimaient beaucoup parce qu'ils se sentaient bien avec elle. Eux aussi se mirent à distribuer de nouveau des chaudouxdoux comme ils en avaient envie.

Les grandes personnes étaient inquiètes et décidèrent de passer une loi pour protéger les enfants et les empêcher de gaspiller leurs chaudouxdoux. Cette loi disait qu'il était défendu de distribuer des chaudouxdoux à tort et à travers.

Désormais il faudrait un permis pour donner des chaudouxdoux. Malgré cette loi, beaucoup d'enfants continuèrent à échanger des chaudouxdoux chaque fois qu'ils en avaient envie et qu'on leur en demandait. Et comme il y en avait beaucoup, beaucoup d'enfants, presqu'autant que de grandes personnes, il semblait que les enfants allaient gagner. 

A présent, on ne sais pas encore comment çà va finir... Est-ce que les grandes personnes, avec leur loi, vont arrêter l'insouciance des enfants ? Vont-elles se décider à suivre l'exemple de la jeune femme et des enfants et prendre le risque en supposant qu'il y aura toujours autant de chaudouxdoux que l'on voudra ? Se souviendront-elles des jours heureux que leurs enfants veulent retrouver, du temps où les chaudouxdoux existaient en abondance parce qu'on les donnait sans compter ?   

 

                               GENDD3     GENDD2   Claude Steiner      

                     

 " Il n'y a guère au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance". La Bruyère      

                                                                                                                                                                             

 

 

 

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